Humanités environnementales : sciences, arts et citoyennetés face aux changements globaux. Actes du colloque organisé à Montpellier les 5-7 octobre 2021
Julien Mary, Francis Ribeyre, Arnauld ChandivertHumanités environnementales : sciences, arts et citoyennetés face aux changements globaux. Actes du colloque organisé à Montpellier les 5-7 octobre 2021
La notion d’« humanités environnementales », récente et en fort développement, vise à prendre acte des processus de réorganisation, d’intégration et d’innovation provoqués par la montée en puissance de la question environnementale dans le champ scientifique – et plus particulièrement dans celui des sciences humaines et sociales (SHS). Il s’agit d’un concept programmatique, puisque ce domaine est en plein essor, mais également d’un concept ancré dans une tradition articulant sciences (naturelles et sociales) et humanités attentives aux dimensions politique, morale, éthique et esthétique de la production et de la circulation des connaissances.
L’intérêt de cette notion relève de l’expression d’un besoin : penser les changements globaux comme une problématique associant étroitement les dimensions écologique, physique et humaine, et non pas simplement comme un problème du « monde naturel » dont la résolution passerait par des ajustements technologiques, politiques ou économiques. Cette approche suppose de s’intéresser à la manière dont les représentations et les usages des sociétés s’articulent au monde biogéophysique, et évoluent dans le temps.
Cette interrogation, portée notamment par l’écologie humaine depuis de nombreuses années nécessite d’être réaffirmée pour plusieurs raisons.
La notion d’humanités environnementales se justifie d’abord au regard de la tendance actuelle à asseoir la science, la technologie et les politiques publiques sur des indicateurs quantifiés (valeur monétaire des services écosystémiques, empreinte carbone...). Alors que ces nouveaux concepts (solutions basées sur la nature, économie verte, neutralité carbone, etc.) semblent aujourd’hui guider toujours plus les discours et pratiques des décideurs, les humanités environnementales insistent au contraire sur les dimensions sociales, esthétiques, culturelles et éthiques qui expliquent et alimentent les choix liés aux enjeux environnementaux.
Cette notion d’humanités environnementales est également confortée par une évolution des imaginaires individuels et collectifs. Les transformations de notre relation à l’exploitation du vivant (agriculture, élevage et pêche principalement) et à la destruction des milieux sont intimement liées à une série de changements de regard : sur ce qui est sain pour nous (agriculture biologique, véganisme), mais aussi sur la place et la valeur reconnues aux non-humains (deep ecology, antispécisme). Ces imaginaires qui peuvent affecter nos sentiments de manière nouvelle (éco-anxiété ou solastalgie, éco-paralysie) se traduisent dans des discours annonçant des futurs apocalyptiques (collapsologie, survivalisme), dans des appels inédits à la mobilisation (écoféminisme, Fridays for the future...), voire dans des actions de contestation et de désobéissance civile (Extinction Rebellion). Ils se manifestent également autour de formes d’expression artistique (littérature, photos, théâtre, musique, etc.).
Enfin, dans ce contexte d’intrusion massive de la question environnementale dans le domaine « social » autrefois considéré comme exclu de la nature, les humanités environnementales questionnent épistémologiquement les divisions de la science : au sein des SHS, mais également entre SHS, sciences de la vie et de la terre (SVE) et sciences et technologies (ST).
Le colloque « Humanités environnementales : sciences, arts et citoyennetés face aux changements globaux » s’est ainsi adressé à des chercheurs, mais également à des praticiens, travaillant sur les interactions humains/environnement et leurs enjeux sociétaux au sens large (incluant notamment la santé, l’alimentation, les lettres et les arts, la technique, les médias, le numérique). Ce faisant, il a tenté d’aborder la thématique des humanités environnementales à travers quelques axes privilégiés mais non exhaustifs.
1. Émergence, contour et contenu des humanités environnementales
Quelle est l’origine de ce concept ? Existe-il différentes acceptions du terme, et suscite-t-il des controverses ? Quels sont les domaines d’application des humanités environnementales ? Comment ce concept se positionne- t-il par rapport à d’autres notions plus anciennes ayant également pour objectif de penser les liens entre société et nature (écologie politique, ethnoécologie, écologie humaine...) ou émergentes (sustainability science...), et quelle est sa plus-value ?
Comment la notion d’humanités environnementales entend-elle refonder les frontières disciplinaires, voire transformer les grands ensembles de production de connaissances ? S’agit-il simplement d’une notion « parapluie » requalifiant l’ensemble des SHS qui travaillent dans le domaine environnemental ou d’une notion à ambition épistémologique et réflexive plus large ? Comment l’interdisciplinarité, voire la transdisciplinarité, se traduisent-elles dans un tel contexte ? Comment les SHS et les sciences du vivant peuvent-elles s’articuler dans ce cadre ? Quels en sont les enjeux en termes de fonctionnement et d’évaluation de la recherche et des (enseignants-)chercheurs ?
2. Humanités environnementales, réflexivité de la pratique scientifique et enjeux de formation
Au-delà des questionnements liés aux interactions entre disciplines au niveau épistémologique, les humanités environnementales rendent-elles compte des évolutions actuelles des métiers de la recherche ? Portent-elles notamment de nouvelles formes d’interactions avec la « société civile » (recherche collaborative, sciences participatives, vulgarisation), le militantisme et les milieux décisionnaires ? Impliquent-elles dans ces interactions de nouvelles éthiques ? Impliquent-elles de nouvelles méthodologies aptes à saisir des interfaces que la science se refusait généralement à aborder de manière réflexive ?
Qu’est-ce que la notion d’humanités environnementales change, ou pourrait changer, dans la configuration des modes d’enseignement et les contenus des formations ? Quels sont les débouchés attendus ? Dans quelle mesure les exigences théoriques et pratiques portées par les humanités environnementales doivent-elles ou peuvent-elles se traduire par une transformation des domaines d’apprentissage comme des pratiques de la formation ? Avons-nous, plus largement, une capacité à identifier aujourd’hui les besoins en éducation et en formation que les humanités environnementales révèleraient ou entérineraient ?
3. Humanités environnementales et transformations du « gouvernement de la nature »
Dans quelle mesure les humanités environnementales éclairent-elles d’une manière nouvelle les tensions politiques à l’œuvre dans la société ? Une attention particulière est portée à l’opposition entre des logiques de mise en commun (de la gestion des territoires, des savoirs, des usages) et des logiques d’accaparement et d’exclusion (appropriation des terres et des ressources, privatisation du patrimoine commun, des gènes...). Un autre champ est celui de la fracture grandissante entre des pratiques citoyennes et collectives (mouvements alter, réseaux transnationaux...) et des politiques centralisées (planification, stratégie, capitalisme autoritaire, politiques top-down...). Enfin, la crise sanitaire « COVID19 » met en lumière toute une série d’enjeux liés aux interactions entre les humains et leur milieu qui transcendent la seule dimension médicale de la crise.
Dans quelle mesure les humanités environnementales permettent-elles d’analyser plus finement les multiples hybridations à l’œuvre : écologisation des espaces et pratiques agricoles, verdissement des villes, personnalité juridique de la nature, etc. ?
4. Humanités environnementales face aux enjeux des Suds
L’histoire de la réflexion environnementale a été, pour une part significative, alimentée par des travaux en lien avec les pays en développement. L’écologie des « pauvres » a notamment montré en quoi les préoccupations environnementales n’étaient pas liées à un supposé niveau élevé de moyens de subsistance mais traversait l’intégralité des sociétés confrontées aux effets du développement ou du capitalisme.
Aujourd’hui, alors que les discours sur la globalisation tendent à affaiblir la légitimité des analyses régionales, comment les humanités environnementales se déclinent-elles au regard des enjeux spécifiques des pays du Sud ? Dans quelle mesure les questions d’inégalités et d’injustices environnementales peuvent-elles être appréhendées dans ce cadre ? Comment les représentations de la nature évoluent-elles dans des contextes caractérisés à la fois par un fort pluralisme (juridique, culturel, etc.) et par des dynamiques de globalisation ?
5. Arts, lettres et action collective au prisme des humanités environnementales
Comment les arts (arts plastiques, arts du spectacle ...) et la littérature (écocritique...) participent-ils au renouveau du regard porté sur les rapports entre environnement et société ? Dans quelle mesure les artistes et les écrivains font-ils entendre des idées, des faits ou des enjeux qui échapperaient aux chercheurs ? Et comment les pratiques artistiques et littéraires peuvent-elles être entendues comme un catalyseur de l’action collective s’intéressant à l’environnement ?
Règles de soumission des manuscrits
Sont attendus des articles scientifiques originaux en français entre 5 000 et 20 000 signes (espace non compris), ceci inclue les notes de bas de page, les résumés, les mots clés et les références bibliographiques.
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- un court résumé (maximum 1000 caractères espace non compris) en français et en anglais.
- 5 mots-clés en français et en anglais.
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Bibliographie aux normes APA
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Quelques exemples :
Livre : |
Lévy, P. (1997). L'intelligence collective: pour une anthropologie du cyberspace. Paris : La découverte. |
Chapitre de livre : |
Maurel, D. (2013). Gouvernance informationnelle et perspective stratégique. In : Clavier, V., Paganelli, C. (dir.), L’information professionnelle. Paris, Lavoisier, 175-198. |
Article de revue : |
Gori, R. & Del Volgo, M.-J. (2009). L'idéologie de l'évaluation : un nouveau dispositif de servitude volontaire ? Nouvelle revue de psychosociologie, vol. 2, no 8, 11-26. |
Article de revue en ligne : |
Gagnon, L., Peretz, I. et Fulop, T. (2009). Musical structural determinants of emotional judgments in dementia of the Alzheimer type. Neuropsychology, 23(1), 90-97. doi: 10.1037/a0013790 Dupuis, F., Johnston, K. M., Lavoie, M., Lepore, F. et Lassonde, M. (2000). Concussions in athletes produce brain dysfunction as revealed by event-related potentials. NeuroReport, 11(18), 4087-4092. Repéré à http://journals.lww.com/neuroreport/ |
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Calendrier du numéro
- Envoi des articles complets : 27/02/2023
- Retour des évaluateurs : 02/04/2023
- Envoi des articles finaux : 14/11/2023
- Publication envisagée : 14/11/2024